En 2024, on comptait en France 1,7 million d’investisseurs actifs. Les trois quarts de ces investisseurs sont des hommes, et l’âge moyen s’établit à 46,5 ans, selon les chiffres de l’Autorité des marchés financiers (AMF) publiés à l’été 2025. En quelques années, ces particuliers ont vu le paysage de l’investissement se transformer en profondeur. Apparition des banques en ligne, démocratisation des applications de trading, émergence des cryptomonnaies, création des premières plateformes de crowdfunding… L’innovation est foisonnante et constante. Mais loin de se laisser démonter, ils ont pris à bras le corps ces nouvelles perspectives, et ont adapté leur manière de s’informer pour saisir au mieux ces nouvelles opportunités.

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Les canaux traditionnels toujours plébiscités

Même dans ce nouveau paysage, l’investisseur “bon père de famille” est loin d’avoir disparu. Dans les allées du salon Investir Day, qui s’est tenu à Paris en novembre dernier, comme sur les forums en ligne ou dans les sondages d’opinion, le constat est sans équivoque : les sources d’informations “classiques” ont toujours le vent en poupe. Lire la presse spécialisée, demander conseil à son banquier ou à son conseiller en gestion de patrimoine, écouter les conseils de ses collègues ou encore de ses amis constitue toujours le socle d’information des investisseurs. « Le baromètre Les Français, l’épargne et la retraite », publié par le Cercle des Épargnants en février 2025, confirme cette tendance. On peut notamment y lire que :

Pour s’informer sur ces sujets, ils s’appuient d’abord sur leur banque (43%), mais aussi sur leurs proches (29%), leur conseiller financier (26%) ou encore des sites spécialisés (18%) et le bouche à oreille (17%).

Ces canaux traditionnels restent les plus cités lorsqu’on demande aux Français comment ils s’informent, et ce dans toutes les tranches d’âge.

Les influenceurs se positionnent comme nouveaux prescripteurs

L’essor de nouveaux prescripteurs est pourtant indéniable : les influenceurs, parfois appelés “finfluenceurs” dans le monde de la finance, se font ainsi graduellement une place dans l’écosystème de l’information, voire de l’éducation financière. Tout comme les investisseurs eux-mêmes, ces influenceurs ont des profils extrêmement divers. À l’occasion d’Investir Day, on a ainsi pu écouter Alexandra Bationo, fondatrice de la formation Parlons Budget, Charles Sterlings, créateur de contenu qui totalise 1,2 million d’abonnés sur TikTok, ou encore Héloïse Bolle, ancienne journaliste devenue conseillère en gestion de patrimoine, à la tête d’Oseille & Compagnie.

Ces profils reflètent une réalité complexe, les influenceurs étant aussi bien des professionnels de la finance que des particuliers souhaitant partager leurs astuces. Leur posture varie également d’un profil à l’autre, entre partage de connaissances générales et conseils plus concrets, dans un jeu d’équilibriste visant à ne pas franchir la ligne rouge : le conseil en investissement financier à proprement parler, qui est strictement encadré par l’AMF.

L’intelligence artificielle peut-elle prodiguer des conseils ?

Autre challenger qui monte en puissance, l’intelligence artificielle est devenue un sujet incontournable dans tous les secteurs d’activité, et l’investissement n’y échappe pas. D’abord, parce que l’IA est l’un des principaux moteurs de croissance sur les marchés, et que nombreux sont les investisseurs particuliers à vouloir capter cette valeur. Mais aussi parce que l’IA s’invite de plus en plus dans le quotidien des particuliers, notamment à travers les modèles d’IA générative de type ChatGPT ou Gemini.

Sur le salon Investir Day, le message est clair : il faut investir dans l’IA, mais pas lui demander de conseils en investissement ! Pourtant, c’est une pratique de plus en plus répandue, à tel point que le régulateur a publié un guide listant :

  • les bons réflexes à adopter,
  • les risques liés à l’utilisation de l’intelligence artificielle pour investir.

Car le fonctionnement même de ces modèles prédictifs est de partir de l’existant pour donner la réponse la plus probable. Or, tout investisseur sait que :

  • les performances passées ne préjugent pas des performances futures,
  • les modèles d’IA ne “prédissent” pas le marché mais génèrent une réponse statistique,
  • l’usage non encadré de ces outils peut conduire à des décisions biaisées.

Les femmes, grandes absentes du paysage de l’investissement

L’émergence de ces nouveaux canaux d’information ne semble en tout cas pas avoir réglé l’un des grands déséquilibres du paysage de l’investissement français : la faible part des femmes, qui est passée de 30 % à 25 % entre 2022 et 2024, selon l’AMF . Une tendance remarquée sur Investir Day, qui comptait une proportion importante de femmes parmi les intervenants et standistes, malheureusement peu reflétée dans le public. Pour toucher cette population, les influenceuses sont peut-être les mieux placées, avec des approches dédiées qui permettent de créer un climat de confiance, loin de la culture “crypto bro” qui s’adresse principalement aux hommes.

 

Une chose est sûre, les investisseurs ont accès à de plus en plus de sources d’information, et les multiplient. Dans ce paysage en constante évolution, ils doivent composer avec une abondance d’informations venues d’horizons de plus en plus variés. Entre sources traditionnelles éprouvées et nouveaux prescripteurs numériques, entre expertise humaine et intelligence artificielle, le véritable défi n’est plus l’accès à l’information, mais la capacité de chacun à discerner, comparer et recouper ces multiples canaux.