Digital News Report 2025 : six tendances qui redessinent le paysage de l’information
Le dernier Digital News Report du Reuters Institute confirme une dynamique que nous observons au quotidien : les usages de l’information évoluent à grande vitesse. Entre fragmentation des audiences, émergence de nouveaux prescripteurs et transformation des formats, l’écosystème médiatique traverse une recomposition profonde qui redéfinit les règles du jeu pour les communicants.
Ces évolutions ne constituent pas seulement des défis à surmonter, mais révèlent des opportunités pour les entreprises capables de décrypter ces nouveaux codes et d’adapter leurs stratégies éditoriales. Analyse de six tendances structurantes.
1. L’érosion des médias traditionnels : perte d’audience, mais pas (encore) de confiance
Les chiffres sont sans appel : télévision, presse écrite et sites d’information voient leurs audiences s’éroder. Aux États-Unis, les plateformes sociales et vidéo sont devenues la première source d’information (54%), devançant désormais la télévision (50%) et les sites d’actualité (48%). Pourtant, la confiance dans les médias reste stable à 40%, suggérant que l’érosion de l’audience ne traduit pas une défiance généralisée, mais plutôt une dispersion des pratiques.
Vos parties prenantes, y compris les profils les plus seniors, s’informent désormais ailleurs — LinkedIn, newsletters, YouTube, podcasts… Cependant, leur attente de contenus sérieux et de fiables reste intacte. L’enjeu n’est pas nécessairement d’occuper tous les canaux, mais de construire des points de contact éditoriaux solides sur ceux qui comptent pour vous.
2. Influenceurs et créateurs : vers un nouvel ordre médiatique
En France, Hugo Décrypte touche 22% des moins de 35 ans. Aux États-Unis, Joe Rogan, podcasteur et animateur controversé, atteint le même score.
Ces figures hybrides — entre journalisme, opinion et divertissement — deviennent des points de contact majeurs avec l’actualité. Le paradoxe ? Elles sont aussi perçues comme la principale source de désinformation, au même niveau que les responsables politiques (47%).
Sur tous les réseaux, sauf Facebook, les créateurs occupent maintenant une place importante. Sur TikTok, YouTube, Instagram ou X, les créateurs attirent davantage l’attention que les médias traditionnels. Sur TikTok, les médias semblent toujours peinés à adapter leurs formats à des codes plus directs, plus incarnés, plus émotionnels. Or cette plateforme est aujourd’hui devenue incontournable avec 1.7 milliard d’utilisateurs actifs dans le monde et dont 63% ont moins de 24 ans.

Pour les entreprises, cette évolution ouvre un champ stratégique : l’incarnation devient un levier clé de crédibilité. Faire émerger des voix internes expertes, former les dirigeants aux codes des nouveaux médias ou développer des formats éditoriaux incarnés peuvent constituer des leviers différenciants. À condition que les prises de parole soient authentiques, maîtrisées et bien éditorialisées.
Les experts The Editorialist vous accompagnent dans la professionnalisation de cette parole : media training, tribunes, formats vidéo incarnés ou interviews éditorialisées.
🔎 Focus – Le cas américain : Trump et l’écosystème des créateurs
L’élection de Donald Trump illustre cette mutation. Là où sa première campagne avait bénéficié de la couverture médiatique traditionnelle, sa stratégie 2024 s’est appuyée sur un écosystème de créateurs numériques : podcasteurs, YouTubeurs et influenceurs. Cette approche s’inscrit dans une transformation générationnelle des usages. 54% des 18-24 ans et 50% des 25-34 ans citent les réseaux sociaux et les plateformes vidéos comme sources principales d’information, soit une progression de 13 et 6 points en un an.
3. La vidéo : format roi des nouvelles générations
En cinq ans, la consommation d’information via des vidéos publiées sur les plateformes sociales est passée de 52% à 65%. YouTube est aujourd’hui utilisé par 30% des internautes pour s’informer, confirmant son statut de média à part entière. TikTok progresse fortement, particulièrement chez les moins de 25 ans (+4 points cette année), avec des pics à 49% en Thaïlande.
Dans certains pays du Sud (Inde, Philippines, Afrique du Sud…), la vidéo dépasse la lecture comme mode d’accès privilégié à l’information. Aux États-Unis, 72% des internautes regardent une vidéo d’actualité chaque semaine, et 61% le font via des plateformes tierces.
La vidéo n’est plus un format « bonus » mais le format de référence pour informer et engager, particulièrement chez les moins de 35 ans. Les formats courts, incarnés et pédagogiques — interviews, décryptages, formats “face cam” — fonctionnent particulièrement bien sur LinkedIn, YouTube et Instagram.
TikTok, n’est plus cantonné au divertissement et devient également un terrain d’expression pour l’information, à condition d’en respecter les codes. Notamment en s’inspirant des médias comme Alternatives Économiques par exemple, pionnier des médias français sur la plateforme et qui compte aujourd’hui +160K followers et +4M de j’aime.
Si le potentiel est réel, le canal demande un peu de recul. Avant de s’y lancer, mieux vaut clarifier son intention, ses codes, ses messages. Ce n’est pas forcément un terrain pour toutes les entreprises, ni pour tous les sujets — mais bien utilisé, il peut offrir des opportunités intéressantes pour informer autrement.
Et, au-delà de TikTok, c’est toute votre stratégie vidéo “mobile-first » qu’il faut (re)penser — des carrousels LinkedIn aux shorts YouTube. The Editorialist vous accompagne sur toute la chaîne de production vidéo : conception, script, production agile, déclinaisons multiplateformes, stratégie de diffusion…

4. Les podcasts s’installent dans les usages premium
15% des Américains écoutent un podcast d’actualité chaque semaine. C’est plus que ceux qui lisent la presse. Ce format séduit particulièrement les moins de 35 ans, les diplômés et les CSP+. 73 % des auditeurs estiment que ce format les aide à mieux comprendre des sujets complexes.
Le podcast révèle ainsi sa valeur ajoutée distinctive : sa capacité à développer des analyses approfondies dans un format accessible. Pour les entreprises, il constitue un outil stratégique pour raconter des transformations de fond (RSE, innovation, gouvernance), structurer un récit de marque ou valoriser une culture interne.
C’est aussi un format à forte valeur perçue pour des audiences très sollicitées comme celle des décideurs. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, 43% d’entre eux déclarent que les podcasts sont leur principale source d’information.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les panières de toucher les audiences décideurs, consultez notre étude Où et comment s’informent les décideurs aujourd’hui.
5. L’essor des abonnements premium
Alors que l’audience globale hésite encore à payer pour l’info, certains médias premium accélèrent leur développement. En 2025, The Economist affiche 1,25 million d’abonnés (+3 %), dont 85 % de nouvelles souscriptions digitales. Le Financial Times dépasse pour la 1ère fois les 500M£ de revenus, porté par une stratégie de contenus experts et de services éditoriaux sur-mesure. (FT Specialist compte 430 000 abonnés payants).
Faites vivre votre expertise au-delà du contenu, avec des formats, services ou outils qui prolongent votre impact.
Ce que recherchent vos parties prenantes aujourd’hui, ce sont points de vue structurants et éclairés, des formats utiles, parfois même des outils décisionnels.
Proposez des formats à haute valeur ajoutée à vos audiences premium :
- Revues de tendances sectorielles
- Synthèses thématiques
- Livres blancs
- Analyses prospectives
- CIO Outlook
Ces contenus permettent de construire une préférence de marque durable et d’améliorer la conversion auprès des audiences stratégiques.
Les points à retenir
Pour conclure, le Reuters Institute a interrogé le public sur les améliorations attendues des médias. Quatre exigences émergent :
- L’impartialité : le reproche le plus fréquent concerne la perception que les médias favorisent leurs propres intérêts plutôt que de présenter des éléments probants de façon équilibrée.
- L’exactitude et la vérité : le public souhaite que les journalistes se concentrent sur les faits, évitent les spéculations et vérifient les informations avant publication.
- La transparence : les audiences réclament davantage de preuves pour étayer les informations : sources mieux documentées, transparence sur les financements et conflits d’intérêts, distinction claire entre faits et opinions, et correction visible des erreurs.
- L’amélioration de la qualité : les personnes interrogées appellent à plus d’investigation sur les figures de pouvoir et à un journalisme de fond, plutôt qu’une course aux clics. Elles suggèrent aussi de recruter plus de journalistes spécialisés, ancrés sur le terrain.
Ces attentes dessinent un cahier des charges exigeant pour les médias et qui doit également s’appliquer aux entreprises. Leur contenu ne doit pas seulement informer, mais inspirer confiance. Cela impose de traduire les engagements en récits clairs et vérifiables, d’assurer une cohérence entre forme et fond, et de faire preuve de transparence sur les démarches entreprises.
Le Digital News Report 2025 confirme ce que nous constatons chez The Editorialist. L’information est plus que jamais un levier stratégique pour les entreprises. À condition de connaître ses audiences, d’incarner des convictions et de produire des contenus de qualité pensés d’abord pour leur utilité auprès de ces audiences